Joyeux anniversaire Madame Ella Fitzgerald

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Joyeux anniversaire Madame Ella Fitzgerald

Vous avez dansé sur ses chansons ou simplement claqué des doigts en vous disant que ça swinguait sacrément. Les oreilles sont happées, les pieds commencent à gigoter, le cœur s’emballe et l’esprit s’échauffe, c’est ce qu’Ella Fitzgerald provoque sur son auditoire.

Ella Fitzgerald (1917-1996). Un des piliers du jazz américain du XXème siècle, la représentante du jazz vocal, la « First lady of song », aurait fêté ses 100 ans le 25 avril dernier. L’occasion de (re)découvrir 11 choses sur cette chanteuse hors du commun.

1 – Elle est découverte à l’âge de 16 ans lors de « l’Amateurs Night » à l’Apollo Theater à Harlem. Ella se rêve danseuse, mais c’est le chant qui la happe. Un an auparavant, après le décès de sa mère, elle quitte le domicile familial où son beau-père la brutalisait et vit un temps dans les rues de Harlem.

2 – C’est le batteur Chick Webb qui la prend sous son aile et la fait travailler à ses côtés avec son orchestre pour 12 dollars par semaine. Avec lui, elle tourne en Indiana, Ohio, Pennsylvanie…

3 – Sa version de la berceuse « A tisket, a tasket » avec Chick Webb la fait connaître. A la mort du batteur en 1939, elle récupère la direction de l’orchestre.

4 – Le 16 janvier 1938 c’est la Battle of bands au Savoy Ballroom (ce lieu unique, dont je vous ai déjà parlé ici).

 Count Basie et Billie Holliday VS Chick Webb et Ella Fitzgerald.

Le choc des titans. Deux seigneurs du jazz et leur orchestre accompagnés de deux grandes dames de la chanson. Ella s’attaque à Loch Lomond, un air écossais du XIXème siècle (pour avoir une idée de la version originale c’est par ici), mais en version jazz, évidemment !!

Mais aussi à Bei Mir Bist Du Shoen. Billie, elle, adapte, entre autres,  Mon homme de Mistinguett.

Le magazine de jazz Down Beat (février 1938) relate.

« Les deux groupes jouèrent magnifiquement. Basie séduisant en particulier les danseurs, et Webb assurant toujours le show à la batterie. Les gens agitaient leurs mouchoirs, criaient, tapaient des pieds, l’excitation était intense. »

Le Savoy n’a jamais aussi bien porté son surnom de « Home of happy feet ». Le public est ivre de musique et ruisselant de sueur. Et les propriétaires du Savoy, en véritables bookmakers, ont même organisé un vote à bulletins secrets. Down Beat livre à ses lecteurs le compte rendu de la soirée.

« Il y a eu d’énormes applaudissements pour les deux orchestres, et il fut difficile de dire lequel avait gagné. Mais le scrutin avait montré que celui de Chick Webb devançait nettement celui de Basie, et qu’Ella Fitzgerald était largement devant Billie Holliday. »

5 – Ella Fitzgerald danse le lindy hop. Frankie Manning le mentionne dans sa bio : « Ella Fitzgerald avait souvent l’habitude de d’entrer sur la piste à distance de l’estrade d’orchestre pour danser et, une fois que nous eûmes fait connaissance, elle dansa souvent le lindy hop avec moi. »

Ella et Dizzie en 1950, une grande complicité unit les deux artistes

Ella, sur Dizzy Gillespie.

“Pour moi il était un artiste complet, parce que, vous savez, on lindy hoppait beaucoup tous les deux. On arrivait dans la ville et on allait dans les clubs – il y avait bien un nighclub ou un endroit où aller, et le groupe commençait à jouer, nous nous levions et c’était ça! On envahissait la piste. Yeah, on lindy hoppait parce qu’on pouvait le faire. On dansait comme des fous tous les deux. Dizzy était un bon danseur. Nous étions tous les deux de bons danseurs. Et on faisait les pas du Savoy.”(To Be or Not to Bop, Dizzy Gillespie, Al Fraser)

6 – Elle est appréciée et reconnue pour son professionnalisme et sa modestie. Frankie Manning raconte cette anecdote à son propos.

« Ella Fitzgerald devait entrer sur scène après nous (ndlr : Frankie et sa troupe présentaient des numéros de danse à l’Apollo Theater), mais pendant notre tout premier passage les applaudissements furent si nourris qu’elle ne put même pas monter sur scène. Elle dut retourner dans les coulisses tandis que nous faisions un rappel. La direction eut l’impression que nous avions en quelque sorte volé le tonnerre d’applaudissements dû à Ella et on modifia donc l’ordre de passage pour nous mettre après elle. Mais Ella n’était pas en colère ; ce n’était pas ce genre de personne. Ella et moi étions déjà de bons amis depuis le Savoy. Nous nous appelions « bro » (frérot) et « sis » (sœurette). Quelques années plus tard avec les Congaroo Dancers (ndlr : une autre des troupes de Frankie Manning) nous travaillions avec Dusty Fletcher, Illinois Jacquet et Ella. Nous devions passer avant elle, mais elle dit à Illinois. « Ces gamins sont trop géniaux. Pourquoi ne les laissez vous pas faire le final ? »

7 – Malgré sa notoriété, Ella Fitzgerald reste une chanteuse noire dans une Amérique raciste. Marilyn Monroe la soutient et l’impose au Mocambo Club de Los Angeles. La célèbre actrice est fan de la chanteuse. Marilyn téléphone en personne au patron du club et lui promet que s’il programme Ella, elle réservera chaque soir où elle chantera, une table au premier rang. Et l’actrice tiendra parole.

8 – Ella Fitzgerald est maîtresse dans l’art de l’imitation et de l’improvisation, elle fait de sa voix un instrument. Elle est la papesse du scat, le chant en onomatopées. Lorsqu’elle a un trou sur les paroles de Mack the Knife (une des chansons de l’Opéra de Quat’Sous de Bertold Brecht), elle le dit et surtout le chante ! A partir de 2’30…

https://www.youtube.com/watch?v=YX2n2EE2hls

Un autre exemple de l’instrumentiste de la voix qu’elle était

9 – Elle se marie avec le bassiste Ray Brown, avec qui elle adopte son neveu Ray Brown junior. Le mariage ne dure qu’un temps et Ella repart en tournée mondiale.

10 – Elle a joué dans plusieurs films et notamment « Let no man write my epitaph » (1960).

11 – La chanson de France Gall « Ella, elle l’a » est un hommage à la chanteuse.

Pour le plaisir…. Ella et Louis

Pour aller plus loin

  • le documentaire diffusé sur Arte (attention plus que quelques jours pour le visionner en replay!)
  • Frankie Manning, l’ambassadeur du Lindy hop, Frankie Manning et Cynthia R. Millman (Rolland Ed.)
  • To Be or Not to Bop (Les mémoires de Dizzy Gillespie), Dizzy Gillepsie et Al Fraser

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