A la découverte du blues, une musique, une histoire, une danse

A la découverte du blues, une musique, une histoire, une danse

Le blues, une musique

Issu des plantations, il est l’évolution de chants entonnés par les esclaves pour se donner de la force que l’on les appelle Work Songs.

Le Delta du Blues, N-O du Mississippi

Il est né dans la région du Delta (Nord-Ouest du Mississippi) et s’est développé suite à l’abolition de l’esclavage. Le 13ème amendement à la Constitution états-unienne abolissant formellement l’esclavage prend effet le 18 décembre 1865. Pour autant, l’émancipation théorique peine à être suivie dans les faits. Le Blues est la forme poétique et musicale qui transcende la souffrance d’un quotidien qui ne correspond pas aux idéaux de liberté proclamés par l’abolition de l’esclavage.

Cette musique racontait alors la misère économique ou affective (Empty Bed Blues), la prison (Penitentiary Blues), l’errance (Homeless Blues), l’alcoolisme (One Scotch, One Bourbon, One Beer).

À la fin du XIXème siècle et au début du XXème, ce genre musical est principalement présent dans le sud des États-Unis où prédominent les forces anti-abolitionnistes et ségrégationnistes. Lors d’une tournée dans le sud des États-Unis, le chef d’orchestre William Christopher Handy s’inspire de ce qu’il y entend pour écrire Memphis Blues en 1912. Un couplet de 20 mesures et un Blues de 12 mesures. Cette composition popularise le Blues comme genre musical.

Ce Memphis Blues peut paraître rapide pour un blues. C’est tout simplement parce que le blues n’est pas défini que par un rythme lent mais surtout par ses 12 mesures. Le blues tel que les danseurs le connaissent et l’expérimentent est un mélange de rythmes lents, plaintifs sur une structure musicale de 12 mesures.

La naissance progressive du blues comme danse

William Christopher Handy raconte d’ailleurs que la première fois qu’il a joué St Louis Blues, les gens dansaient le one-step ou le two-step. Ces deux danses de l’époque étaient contemporaines du foxtrot, du peabody et du tango (très en vogue alors).

Lorsque Frankie Manning (si vous ne savez pas qui est Frankie Manning, c’est par ici!) était un jeune homme épris de danse et avide de découvertes, au début des années 1930, les danses lentes étaient assez à la mode. Il se dansait lors des rent-parties (des soirées tenues chez un particulier où l’entrée était payante et servait à payer le loyer). Frankie Manning se rappelle :

« (…) le haut de nos corps qui se balançait et nos pieds qui bougeaient de quelques centimètres d’un côté à l’autre dans un slow drag. »*

Les danseurs et danseuses noir·es de Chicago utilisent le terme de « slow dragging » jusqu’aux années 1940. A partir des années 1960, c’est le terme de « belly-rubbing » (littéralement “frottement de ventre”) qui est utilisé pour parler des danses lentes. Dans les années 1970, le terme « slow dancing » désigne une danse rapprochée. Evidemment, le lien entre les partenaires définit le degré de rapprochement dans la danse et ce rapprochement varie largement en fonction des différents niveaux de maîtrise des styles et des pas.

La danse blues comme genre et pratique sociale n’a jamais retenu l’attention de l’Amérique blanche, contrairement au Lindy Hop et au Charleston. Elle a prospéré dans les bistrots enfumés et les rent-parties, lui donnant son côté intime.

* extrait de Frankie Manning, l’ambassadeur du Lindy hop, Frankie Manning, Cynthia R. Millman

Leave a Reply

Your email address will not be published.

X