Claude Bolling, jazzman sans frontières

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Claude Bolling, jazzman sans frontières

Dans notre dernier article, nous vous racontions comment Paulo s’était retrouvé à faire danser Sigourney Weaver dans un épisode de la série « Dix pour cent ». Si vous avez vu cette scène, vous n’avez pas pu passer à côté de l’entraînante « Marseillaise » swinguée qui servait de bande son à leur choré endiablée. L’occasion de partir à la rencontre de son auteur, Claude Bolling, grand jazzman français, qui s’est hélas éteint le 29 décembre dernier. Portrait.

Cliquez ici pour écouter La Marseillaise (In Swing)

Du jeune pianiste prodige à la renommée internationale

Né en 1930 à Cannes, Claude Bolling a toujours vécu à Paris, sauf sous l’Occupation, période qu’il passe à Nice. Enfant, il veut apprendre la trompette, mais sa mère l’oriente vers le piano. Il découvre les frères André, Henri Salvador, Django Reinhardt, Charlie Kunz, Fats Waller… Sa professeur détecte ses talents d’improvisateur et le pousse à monter à Paris, ce qu’il fait en 1944. Jeune prodige du piano, dès 14 ans, il joue en professionnel, notamment avec Lionel Hampton (vibraphoniste, pianiste, batteur, chanteur et chef d’orchestre). Inscrit par son père au tournoi amateur du Hot Club de France, il s’y fait remarquer puis le remporte en 1945. A seize ans il monte sa première formation ; à dix-huit, il enregistre son premier disque. Pendant son service militaire, il joue du trombone et des percussions pour la Musique du Premier Train des Equipages ; pendant ses permissions, il va jouer à Saint-Germain-des-Prés. Entre la fin des années 1940 et le début des années 1950, de grands solistes américains de passage en France font appel à lui. Il accompagne la chanteuse Chippie Hill et joue et enregistre avec Roy Eldridge (trompettiste, chanteur et chef d’orchestre) et Kenny Clarke (batteur et percussionniste). Il rencontre même Duke Ellington, qui tient une grande place dans ses influences. C’est à l’origine pour jouer la musique du Duke qu’il fonde son orchestre, le Claude Bolling Big Band, en 1956. Avec cette formation, aujourd’hui remarquable par sa longévité et sa reconnaissance internationale, il interprète des standards et présente ses propres morceaux. Pianiste de jazz, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre connu et joué dans le monde entier, Claude Bolling ne s’est pas cantonné à un seul univers. Variété, classique, cinéma… sa musique ne connaît pas de frontière.

Crossover-Music

L’œuvre de Claude Bolling est notamment marquée par les ponts qu’il construit entre jazz et classique. C’est en contribuant à l’émission de télévision Age tendre et tête de bois, qui lui demande un morceau à deux pianos, jazz et classique, qu’il a l’idée de marier les deux styles. En 1973, il compose la Suite pour flûte et jazz piano trio et l’enregistre deux ans plus tard avec le flûtiste Jean-Pierre Rampal. Cette Suite lui vaut un disque de platine aux Etats-Unis et au Canada ; elle a par ailleurs détenu le record des charts du magazine Billboard avec 530 semaines consécutives de présence au hit-parade, dont deux ans aux premières places. Une dizaine d’années plus tard, il compose une nouvelle Suite pour flûte et jazz piano trio n°2 (1987). Dans ce registre, on peut également citer ses dialogues musicaux avec le guitariste Alexandre Lagoya (Concerto pour guitare et jazz piano trio, 1975), le violoniste Pinchas Zuckerman (Suite pour violon et jazz piano trio, 1977), le trompettiste Maurice André (Toot Suite – Pour trompette et jazz piano trio, 1981) et avec le violoncelliste Yo-Yo-Ma (Suite pour violoncelle et jazz piano trio, 1984). Dans sa Picnic suite pour flûte, guitare et jazz piano trio de 1980, il réunit Jean-Pierre Rampal et Alexandre Lagoya. Ces hybrides ont connu un succès sans précédent.

Ecouter la Suite pour flûte et jazz piano trio

Ecouter la Picnic suite pour flûte, guitare et jazz piano trio

Un grand compositeur pour le cinéma : « faire chanter les images »

La renommée de Claude Bolling en tant que pianiste de jazz et chef d’orchestre a quelque peu éclipsé son travail pour le cinéma. Pourtant, il a signé une centaine de musiques de films, français et internationaux. Parmi ses partitions pour le grand écran, citons les plus populaires : Borsalino, Le Magnifique, Flic Sto, Lucky Luke… Ces compositions lui ouvrent des univers musicaux qu’il n’aurait pas exploré : symphoniques, ethniques, musiques irlandaises, africaines, sud-américaine, russe… Elles donnent également naissance à des collaborations avec de grands musiciens, rencontrés à Los Angeles, tels le flûtiste Hubert Laws, le flûtiste-saxophoniste Bud Shank, le batteur Shelly Mann et le contrebassiste Chuck Domanico. Et si son œuvre cinématographique est moins évidemment connue que le reste, Claude Bolling est loin d’avoir dénigré l’exercice : « (…)c’est très intéressant et très amusant d’arriver à trouver ce qu’il faut, ce qui conviendra au film, ce qui mettra le film en valeur, ce qui fera chanter les images ».

Quelques bandes originales signées Claude Bolling…

Ecouter Borsalino

Ecouter Le Magnifique

Ecouter Flic Story

Ecouter Le Mur de l’Antlantique

Ecouter California Suite

Claude Bolling a mis un terme à ses activités musicales en 2014 mais son Big Band a perpétué son œuvre dans le monde entier. Il nous a quittés le 29 décembre 2020.

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Sources :

>https://www.claude-bolling.com/biographie
> https://www.francemusique.fr/emissions/cinema-song/claude-bolling-du-big-band-au-grand-ecran-14742
> https://www.melody.tv/artiste/claude-bolling
> http://www.radioswissjazz.ch/fr/base-de-donnees-musicale/musicien/330449090c7ccef8333ee0c23e0157fe45ef6/biography

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