Le Savoy Ballroom, berceau du lindy

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Le Savoy Ballroom, berceau du lindy

Jenny est une jeune danseuse de Lindy hop dans les années 1930. Elle côtoie Frankie Manning, Shorty George, et Norma Miller est sa grande amie. Jenny est un personnage de fiction, mais son alter ego a certainement existé. Son récit, mis à la première personne, est constitué uniquement d’informations réelles et véridiques. Plongez dans ses souvenirs (reconstitués) et n’hésitez pas à consulter son album photos. 

L’entrée du Savoy

J’entrais pour la première fois dans ce lieu le jour de son ouverture, le 12 mars 1926. J’étais excitée, émerveillée mais aussi incroyablement à mon aise. Je me sentais comme chez moi ici. Le club était accueillant et luxueux. Un énorme escalier de marbre nous menait au deuxième étage de l’immeuble, là où tout le Savoy s’étalait. Au sol, une épaisse moquette, aux murs de gigantesques miroirs et ces grands salons agréables qui pouvaient accueillir jusqu’à 5 000 personnes disait-on. Tout était décoré avec goût. Nous dansions toute la nuit, pourtant, il ne faisait pas chaud. Moe et Charles avaient installé un système de ventilation très perfectionné alors même que l’air conditionné n’existait pas à cette époque.

Quels personnages ces deux là. Moe Gale le propriétaire du club était juif et Charles Buchanan, le gérant, était noir. A eux deux ils faisaient danser tout Harlem. Noirs et blancs ensemble. Ici pas de séparation de piste, tout le monde se mélangeait.

The Track” comme on l’appelait, était une piste rectangulaire de 1 000m². Nous dansions tellement, qu’ils devaient réparer le parquet tous les 3 ans. Ce n’est pas pour rien que l’on surnommait le Savoy “the home of happy feet”. Les spots de couleur nous enveloppaient et nous baignions dans le swing des jazz bands.

Autour de nous, deux scènes accueillaient les groupes qui s’affrontaient souvent ou alternaient les sets toute la soirée. Imaginez! Ils sont tous passés par là… King Oliver, Bennie Goodman, Duke Ellington, Louis Armstrong, Cab Calloway, Count Basie et Chick Webb. Chick qu’on surnommait d’ailleurs le roi du Savoy. D’un côté le groupe de Chick et de l’autre celui de Benny, c’était la folie. L’ambiance était toujours endiablée et nous étions sûrs de passer une excellente soirée lorsque nos pieds foulaient l’entrée du Savoy. Voyez mon album de souvenirs…

Un jour, Charles Buchanan m’a confié que le club faisait environ 700 000 entrées. Ce que je peux envisager tellement les prix y étaient bas. 50 pences la semaine, 75 le dimanche ou les jours de fête. Nous pouvions tous aller danser au Savoy.

Le lieu est connu pour être le point de rassemblement des membres de Whitey’s (la troupe qui a dansé dans Hellzapoppin). D’ailleurs, les meilleurs danseurs se retrouvaient au Cats Corner, dans le coin Nord/Est du Savoy. Tous les mercredis, se tenaient les compétitions. Les premiers gagnaient 40$ et la chance de se produire en solo les soirs suivants. Souvent, nous nous amusions juste à danser le Big Apple.

Ceux qui n’avaient pas le niveau pouvaient toujours danser avec les hôtesses. Ces danseuses étaient rémunérées pour danser avec les visiteurs et leurs montrer les derniers pas. Malheureusement, ce service a été, par la suite, supprimé.

Frankie Manning raconte qu’un soir, alors qu’il était avec ses amis, un homme est venu le voir en lui disant que Clark Gable était entré au Savoy. Et un de ses amis a répondu : “Oh yeah, est-ce qu’il peut danser?” Ce à quoi Frankie a répondu “Tout ce qu’ils veulent savoir quand quelqu’un entre au Savoy, c’est s’il danse?”

Petit à petit le club a été moins fréquenté. La mode est passée, certainement. Et puis la ville de New-York avait besoin de place Le 10 juillet 1958 le Savoy Ballroom a fermé ses portes et l’immeuble a été réhabilité en logements. Mais notre passion du lindy demeurait et nous continuions à nous affronter lors de l’annuel Harvest Moon Ball à Madison Square Garden.

Et pour se repérer parmi les nombreux clubs de Harlem, rien de mieux qu’une carte

Carte des clubs de Harlem, NY

Retrouvez les club de jazz de l’époque en suivant ce lien et cet incroyable site :

https://popspotsnyc.com/jazz_clubs/

Récit fictionnel basé sur des informations réelles et véridiques, par Sara Bench

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