Spectacle « Cole Porter in Paris » : une balade bigarrée dans le Paris du compositeur-parolier américain

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Spectacle « Cole Porter in Paris » : une balade bigarrée dans le Paris du compositeur-parolier américain

Jusqu’au 1er janvier 2022, l’orchestre Les Frivolités Parisiennes nous emmène faire une promenade musicale chamarrée dans le « Paree » de Cole Porter. Au fil de ses succès et de pépites (re)découvertes, nous plongeons joyeusement dans le Paris Années Folles, l’existence insouciante de fêtes et plaisirs, de sa high-society et la vie du musicien.

Cole Porter ou l’épanouissement d’un Américain à Paris

Cole Porter est né en 1891à Peru, dans l’Indiana. Il vit une jeunesse très aisée, orchestrée par la figure de son grand-père maternel, qui a fait fortune. Enfant unique suite aux décès de son frère et de sa sœur, il est choyé. Il apprend le piano, le violon, le Français et est initié à la poésie. Très jeune, il commence à composer et à écrire des chansons. A l’aube de la vingtaine, il passe un été en France… et tombe amoureux de ce pays. Après des études de droit, il décide de se consacrer à la musique : des chansons, puis, en 1916, une première comédie musicale : See America First… qui est un cuisant échec… Pour fuir ce raté et les pressions de sa famille, il s’embarque pour Paris. Là, il enrichit son éducation musicale : il suit une formation classique et plonge parallèlement dans le Jazz, fréquentant les cabarets et cafés de Pigalle, Montparnasse ou du Quartier Latin. Paris est un nouveau monde qui s’ouvre à lui, libéré du puritanisme et de la Prohibition, en plein bouillonnement créatif. Un monde dans lequel il peut pleinement s’épanouir, en tant qu’artiste… mais aussi en tant qu’homme !

Cole Porter

En 1919, il épouse Linda Lee Thomas, riche divorcée qui a souffert de la violence de son ancien mari. Ils deviennent l’un des couples en vue de Paris, surnommés les « Colpoteurs », tant ils voyagent. Cole Porter est homosexuel, Linda le sait : ils forment un duo complice et soudé. Leur vie luxueuse est faite de fêtes magnifiques en leur hôtel particulier, de bals, de séjours au Ritz, de palais vénitiens ou encore du soleil de la Côte d’Azur… Et toujours en bonne et qualitative compagnie : Picasso, Diaghilev et les Ballets Russes, Stravinsky, Fitzgerald, Hemingway, George et Ira Gerswhin…

Outre ses musiques Jazz, Cole Porter écrit des partitions savantes pour les Ballets Suédois, pour le spectacle Within the Quota, donné en 1923 au Théâtre des Champs-Elysées puis repris à New York. Cinq ans plus tard, il crée sa propre revue, la Revue des Ambassadeurs, au Café des Ambassadeurs. Il n’amorce son départ de Paris qu’à la fin des années 1920, quand Irving Berlin l’appelle à Broadway. En 1928, sa comédie musicale Paris remporte un grand succès et son extrait Let’s Do it, Let’s Fall in Love est un tube. Happé par New York, sollicité par la Metro-Goldwyn-Mayer, il quitte Paris quasi-définitivement. Parmi ses triomphes de cette époque, citons : les musicals Fifty Million Frenchmen (1929), Gay Divorcee (1932), Anything Goes (1934), Kiss me Kate (1948), ou encore les chansons Night and Day, I Get a Kick out of you, I’ve Got you Under my Skin, Love for Sale, My Heart Belongs to Daddy, Too Darn Hot, I Concentrate on you, I Love Paris… Sa francophilie demeure palpable : il distille références et mots français ans ses œuvres. Cole Porter cesse peu à peu de créer dans les années 1950, après les décès de sa mère, de Linda et un grave accident de cheval qui l’amènera à l’amputation d’une jambe ; il meurt en 1964.

Cole Porter

Cette histoire est celle que présente le spectacle Cole Porter in Paris, en ce moment au Théâtre du Châtelet, porté par Les Frivolités Parisiennes… Sans pour autant tomber dans le schéma d’une comédie musicale biographique !

« Un livre d’images, un livre de musique, un livre d’humeur, d’évocation, de couleurs (…) [mais pas] un biopic »

Voilà comment Christophe Mirambeau, musicologue et conseiller artistique des Frivolités Parisiennes et créateur de Cole Porter in Paris, résume sa création. Et en effet, nous ne sommes pas dans une narration classique, une histoire cousue, avec des étapes qui s’enchaînent, une chronologie, un schéma un acteur/un rôle net (il y a par exemple trois Cole Porter sur scène)… Cole Porter in Paris est comme une succession de tableaux qui nous livrent un à un des facettes de la décennie parisienne du musicien, sans cependant représenter chacun un événement défini.

Avant l’ouverture du rideau…

Je ne choisis par le mot « tableau » au hasard. Pour chacune des chansons jouées, un univers particulier émerge sous nos yeux. Le décor, fait de formes géométriques colorées, est mouvant : il s’enrichit, s’allège, s’assemble, explose, au gré des airs chantés, magnifié par un jeu sophistiqué d’ombres et de lumières. Les costumes (150 !) participent à l’émergence de ces petits mondes qui nous dépeignent la vie de Cole Porter : un véritable défilé de mode des Années Folles, avec ses formes novatrices, coupes courtes, extravagances, paillettes et jeux de genres…

Dialoguant avec le décor, contribuant à faire et défaire les espaces, les chorégraphies sont un réel pilier du spectacle. Christophe Mirambeau et la chorégraphe Caroline Roëlands partagent une vision « narrative » de la danse : qu’elle soit, au-delà d’un beau geste gratuit, porteuse de sens pour la mise en scène. Ainsi, dans Cole Porter in Paris, on navigue à la frontière de la danse et du théâtre. Les amateurs de danses Swing remarqueront et apprécieront bien sûr les moments Charleston et numéros de claquettes, qui renforcent la pleine immersion dans le Paris des twenties et ses soirées mémorables.

Finissons par le plus délicieux : Cole Porter in Paris donne à entendre une trentaine de chansons de Cole Porter, des succès comme des méconnues, toutes ciselées, pleines d’irrésistibles traits d’esprits… et de Français ! Chacune témoigne de la manière dont le compositeur-parolier fait entrer ses œuvres en résonance avec sa propre vie et ses souvenirs.

Pas un biopic, donc. Toutefois, quand le rideau tombe, nous ressortons avec un portrait assez précis du personnage que fut Cole Porter et une image plutôt complète de sa vie. Une sorte de BD vivante en somme, avec ses personnages hauts en couleurs, ses bulles dialoguées, ses univers colorés… la partition en plus !

Si cet aperçu du spectacle vous a donné envie de le découvrir, il est encore temps de prendre vos billets ! Cole Porter in Paris est à l’affiche du Théâtre du Châtelet jusqu’au 1er janvier 2022.

Renseignements et réservations ici : https://www.chatelet.com/programmation/saison-2021-2022/cole-porter-in-paris/

Sources :

– Encyclopédie Universalis, article Cole Portr, https://www.universalis.fr/encyclopedie/cole-porter/

– Programme du spectacle « Cole Porter in Paris »

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